En face de l’Hôtel des Bains, s’ouvre en 1921 l’Aérium de l’Abbaye de l’Ormeau. En effet l’Hôtel des voyageurs a été revendu puis détruit pour faire place à l’Aérium. La bâtisse est grandiose mais austère. Pendant six décennies des milliers d’enfants viendront séjourner entre ces murs.
Son histoire
La guerre 14/18 laisse des milliers d’orphelins qui seront déclarés pupilles de la nation. Dans le nord et l’est de la France, ces enfants ont été durement éprouvés par les conditions de vie. A Sedan (dans les Ardennes) un couple, M. et Mme Paul Devin poursuivent une tradition familiale d’engagement dans les œuvres sociales. Mme Devin, émue par les privations et les souffrances endurées par les enfants, prend contact avec la Croix Rouge Américaine qui s’est mobilisée pour venir en aide à la France.
De ce contact, naît l’idée d’offrir à ces enfants un lieu où ils pourraient se refaire une santé, bénéficier d’un séjour réparateur en Oléron à Saint-Denis, Saint-Trojan ou en Haute-Loire.
Pourquoi Saint-Denis a t’il été choisi ? On ne le sait pas : seulement que les époux Devin quittent Sedan en 1920, pour s’établir à Saint-Denis. Ils achètent une maison appelée la Maison de l’Ormeau dont la légende disait qu’elle avait été construite sur l’emplacement de l’ancienne abbaye fondée en l’an 800 par des moines venus de Belgique. Pour équiper cet établissement en cours de fondation Mme Devin fait de nouveau appel à la Croix Rouge Américaine qui, aussitôt, lui envoie quatre wagons remplis de « surplus ».
En 1921 un premier contingent d’enfants et de jeunes filles peut arriver. L’établissement se consacre aux garçons et filles de 7 à 13 ans et jeunes filles jusqu’à 21 ans tous indemnes de maladies contagieuses. Les pensionnaires sont reçus soit pour une durée limitée aux vacances soit pour une année entière. Les pensionnaires long séjours doivent suivre les cours de l’école communale. Ils participent ainsi à la vie et aux fêtes du village. D’abord, limité aux enfants de l’est, le recrutement s’est élargi à toute la France comprenant un fort pourcentage de pupilles de la nation. Entre les deux guerre l’Abbaye a reçu plus de huit mille enfants, créé cinquante emplois permanents et jusqu’à 200 emplois saisonniers.
Début janvier 1939, la direction de l’Abbaye reçoit un télégraphe du sémaphore de Chassiron : « La préfecture de Charente-Inférieure vous informe que vous recevrez demain 345 réfugiés espagnols (des enfants). Vous recevrez des ordres complémentaires plus tard. »
Mme Devin fait face et le 31 mars c’est 415 réfugiés de tous âges qui sont hébergés à l’Abbaye. Arrivées et départs vont se succéder tout au long de cette année 1939 et jusqu’au 16 avril 1940.
Les premières troupes allemandes arrivent à Saint-Denis le 20 juin 1940. 123 enfants restent encore à profiter du soleil d’Oléron. Le 17 juillet les Allemands installent leur infirmerie au premier étage, côté rue Ballenger. Bientôt c’est tout le reste de l’Abbaye qu’ils décident de réquisitionner. En 1942, la troupe cède la place à une entreprise qui travaille aux fortifications du mur de l’Atlantique.
L’après-guerre
L’île d’Oléron sera libérée le 1er mai 1945.
L’Abbaye connaîtra plusieurs modifications de statut : de colonie de vacances, elle passe à colonie sanitaire puis devient établissement médical sous le nom d’Aérium. Elle n’admet plus que des enfants sur prescription médicale.
A partir de 1985 l’établissement change encore une fois de vocation, il accueille les classes de mer ou de découverte.
En 80 ans de fonctionnement l’Abbaye de l’Ormeau aura hébergé 23 000 pensionnaires.
De moins en moins d’enfants auront besoin de ce changement d’air, l’Aérium va perdre sa raison d’être. Il ne recevra plus d’enfants après 1985. Il sera fermé en1994 et rasé en 2002.
Bibliographie
En souvenir d’Oléron par Bilout.
Au berceau des Guillotins par Jean Bodiou